Abri-sous-roche de Pont-Glas
Les chasseurs-cueilleurs sont des nomades. Pourtant, jusque dans les années 2000 il était difficile de comprendre leur déplacement faute de données archéologiques sur leur camp de bivouac. Site connu depuis 1987 et sondé par M. Le Goffic, l’abri de Pont-Glas est fouillé entre 2007 et 2008 par une équipe dirigée par Grégoire Marchand.
Plusieurs périodes d’occupation
Protégés par deux blocs de granite inclinés, les 15 m2 de l’abri-sous-roche de Pont-Glas ont révélé 649 pièces lithiques. L’accès principal se fait par l’est, où un bloc le protégeait avant d’être débité par les carriers des XIXeet XXe siècles. L’élément détruit permettait d’installer une couverture de toit afin de protéger plus efficacement l’intérieur.
A côté du mobilier mésolithique, les archéologues ont mis au jour des fragments de poteries datant de l’Âge du Fer ainsi que les traces d’un feu contemporain de cette période. Les raisons de leur présence n’ont pu encore être expliquées. Des traces minimes d’un passage humain au Néolithique ont également été révélés.
Ces découvertes indiquent des séjours courts et occasionnels, à la manière des bivouacs. Pour le Mésolithique, plusieurs périodes d’occupation ont pu être détectées suggérant que le site était connu des chasseurs-cueilleurs et qu’il y aurait une transmission dans le groupe de la localisation des escales possibles.
Des charbons révélateurs
L’étude du mobilier lithique, pour qu’il soit exploitable, se fait en comparaison avec des sites similaires dont le degré de recherche est quasi identique. Les vestiges dégagés de Pont-Glas, mis en parallèle avec les sites du Bassin Parisien, permettent de le dater au 8e millénaire avant notre ère.
Malgré l’acidité du sol breton, des restes végétaux carbonisés peuvent être préservés et sont datés grâce au radiocarbone (carbone 14). Ce sont des indicateurs précieux pour dater le site, déterminer les essences de bois ou les familles de fruits, ou indiquer la saison de l’occupation du site. Pour Pont-Glas, les archéologues ont pu déterminer que les hommes faisaient une sélection de leur bois selon leurs besoins - chaque essence ayant des exigences pour pouvoir se développer : lieu humide et en bas de vallon, luminosité importante. Les spécificités du petit bois retrouvé sur le site suggèrent une occupation de l’abri au printemps.
Les occupants de Pont-Glas avaient une activité nomade comme le suggère le mobilier lithique issu de réparations d’outils et d’armes. Ces dernières démontrent une certaine spécialisation des activités humaines, dans notre cas elles devaient entrainer la mort. Halte de chasse ? Bivouac ? Campement ? Le terme de station logistique semble le plus approprié car il ne limite pas la vision que l'on se fait du site.
G. Marchand, M. Le Goffic, N. Marcoux, « Occupations mésolithiques fugaces dans l’abri-sous-roche de Pont-Glas : une analyse de la segmentation des chaines opératoires dans l’espace pour évoquer la mobilité des groupes préhistoriques en Bretagne », dans Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009 Toulouse, éd. Palethnologie, 2011