Âge du Fer
Inventé vers -800, le fer a dans un premier temps servi à confectionner des armes. Il sera ensuite utilisé pour fabriquer des outils. La production de ce métal se développe aux environs de -600 en Bretagne. C’est également à cette époque que nous retrouvons les premières traces d’outils sur les habitats. Plus solide que le bronze, son usage devient alors quotidien avec celui de l’acier, et des indices archéologiques montrent une récupération des fragments pour faire de nouveaux objets.
Un premier réseau de fermes
La prospection aérienne permet de repérer de nombreuses fermes. Les plus anciennes, entre -600 et – 400, se reconnaissent par la présence à proximité d’un ou plusieurs cimetières enclos, de plans carrés, mesurant de 10 à 30m de côté. Les fouilles effectuées dans ces cimetières révèlent des rites funéraires différents selon les périodes : inhumation des corps pour les tombes les plus anciennes ; incinération puis enfouissement dans des urnes pour les plus récentes.
La présence des tombes étaient signalée par des stèles en pierre, en forme de boules, de troncs, de cônes ou de colonnes, comportant parfois des motifs gravés. Elles ont souvent été déplacées, après leur découverte fortuite, près d’une chapelle ou d’une église.
Le plan des fermes varie et peut être quadrangulaire ou circulaire, avec deux espaces enclos, l’un abritant la maison et les dépendances et le second probablement pour abriter le bétail. Il arrive de découvrir à proximité ou dans les enclos, des souterrains profonds de 1 à 3 m, pouvant atteindre 10 à 20 m de longueur et composés de salles hautes de 1,20 m à 1,60 m et larges de 1 à 2 m. Ils permettaient le stockage des denrées et les préservaient des intempéries, de la lumière et des convoitises. Ce système est propre à la Bretagne, la Basse-Normandie, et à certaines régions des îles britanniques. La répartition de ces découvertes caractéristiques de cette phase ancienne de l’âge du Fer montre déjà une assez forte densité d’occupation en centre Bretagne.
Un territoire organisé, placé sous le contrôle de l’aristocratie
Vers -400 le climat se dégrade et devient plus froid et humide. Les cimetières sont abandonnés, ainsi que la plupart des exploitations agricoles. Entre -300 et -100, le climat s’améliore. Les anciennes exploitations agricoles qui subsistaient sont notablement agrandies, et de nouvelles sont créées, vraisemblablement par milliers. Dans les lieux où la terre est la plus fertile, la distance entre deux fermes se réduit, parfois à quelques centaine de mètres.
Certains habitats sont pourvus d’une clôture monumentale composée de terre, de pierre et de bois, précédée par un fossé large de 6 à 11m. Citons l’enceinte monumentale de Paule par la suite fortifiée appartenant à une riche famille de la noblesse gauloise. Les sites similaires de la région manifestent le contrôle étroit du territoire par l’aristocratie.
Positionnés aux carrefours du réseau routier, ils contrôlent des voies empierrées et bordées de fossés. Les péages, sources de profit non négligeable, sont prélevés sur les marchandises et les marchés.
Cités et pagi
Vers -150, autour des résidences aristocratiques ou des carrefours routiers se développent des bourgades regroupant des maisons d’agriculteurs, de commerçants et d’artisans. Ce vaste territoire, administré par les familles de la noblesse gauloise se réunissant en assemblée, s’organise en cité. Leur taille avoisine celle d’un département, regroupant des pagi, des territoires 3 à 4 fois plus petits. Le centre Bretagne faisait partie de la cité des Osismes et pour sa partie sud-est de celle des Vénètes, centrée sur le Morbihan.
En -57 Jules César entame sa campagne contre les cités belges et armoricaines. A l’issue de plusieurs actes de guerre, les romains imposent leur ordre sur toute la Gaule. De ces conflits, aucune trace n’a été jusqu’ici trouvée sur les sites fouillés en Bretagne. Des bourgades, comme celle de Paule, et d’assez nombreuses fermes sont abandonnées quelques décennies après la conquête, au profit de nouvelles villes et exploitations agricoles fondées vers -100.
Bibliographie sommaire
- M. Bernard et A. de Saulce [dir.], Les marges de l’Armorique à l’Âge du fer : archéologie et histoire : culture matérielle et sources écrites : actes du 23ème colloque de l’Association française pour l’étude de l’Âge du fer, Musée Dobrée, Nantes, éd. Association pour la diffusion des recherches archéologiques dans l’ouest de la France, Rennes, 2003
- M. Brozec, Les stèles de l’âge du fer des Côtes-d’Armor et du Trégor finistérien, éd. Institut culturel de Bretagne- Skol-Uhel ar vro, Rennes, 1998
- O. Buchsenschutz [dir.], L’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe-Ier siècles), éd. PUF, Paris, 2015
- J. Lecornec, Les stèles de l’âge du fer dans le Morbihan, l’arrondissement de Vannes, éd. Institut culturel de Bretagne- Skol-Uhel ar vro, Rennes, 1999
- F. Morvan [dir.], De l’âge du fer aux invasions scandinaves, éd. Encyclopédie de la Bretagne, Rennes, 2015
Voir aussi : la Bretagne de -125 000 à 2 047