Prospection pédestre
La prospection
La prospection est une activité à part entière de l’archéologie et constitue de très loin la première origine de découverte de sites archéologiques. Ainsi, en Bretagne, près de 10 000 sites, soit un peu moins de la moitié du corpus recensé à la carte archéologique, ont été découverts dans le cadre d’une prospection. Cette activité moins connue du grand public que la fouille archéologique est, comme cette dernière, soumise à autorisation de l’Etat. Il est ainsi interdit de chercher des sites archéologiques intentionnellement sans en avoir fait la demande et obtenu la permission auprès de la Direction Régionale des Affaires Cultures (DRAC), Service régional de l’archéologie (SRA). Il arrive régulièrement que de nouveaux sites soient découverts par hasard par des promeneurs, il s’agit alors de découvertes fortuites.
La prospection archéologique peut s’effectuer de différentes manières, en mettant en œuvre des moyens et des méthodes variés.
La prospection pédestre
La prospection pédestre est la plus facile à mettre en œuvre car elle nécessite simplement de bonnes chaussures de marche. A l’inverse, elle exige un très grand savoir faire basé sur une très bonne culture générale en archéologie et un solide sens du terrain qui ne peuvent s’acquérir qu’après de longues années de pratique. Elle peut concerner un type de site particulier, comme les tumulus de l’âge du Bronze ou les mottes castrales sur un territoire défini, il s’agit dans ce cas d’une prospection thématique. Ou bien il peut s’agir de l’étude de l’ensemble des sites archéologiques d’un territoire, comme celui du Pays du Centre Ouest Bretagne, sans distinction chronologique ou thématique, on parle alors de prospection diachronique.
C’est la principale des 3 méthodes, avec la prospection aérienne et la technologie Lidar, utilisée pour la réalisation de l’inventaire du patrimoine archéologique du centre Bretagne. Elle a été mise en œuvre par Alain Provost sur les 108 communes.
Pour quelle finalité?
La finalité pour chaque site prospecté est de réunir l’information la plus précise possible le concernant. Cela comprend une localisation précise du site, une description fine des vestiges qui le constitue, son état de conservation, une couverture photographique et si possible sa nature et sa chronologie.
Cet état des lieux concerne les nouveaux sites archéologiques découverts par le prospecteur mais aussi ceux déjà recensés à la carte archéologique.
Dans le premier cas, cela permettra d’enrichir l’inventaire du patrimoine archéologique breton, dans le second cas, de compléter et d’homogénéiser une information variable d’un site à l’autre en fonction des circonstances de leur découverte.
S'il est assez facile d’imaginer comment le prospecteur parvient à retrouver les sites déjà connus, même si cela peut s’avérer parfois compliqué, il est plus difficile de concevoir comment il procède pour en découvrir de nouveaux. C’est là que le savoir faire et la culture générale en archéologie, évoqués précédemment, interviennent.
Un vrai savoir-faire
Le prospecteur étudie dans un premier temps la géographie de la zone qu’il sillonne à l’aide de cartes (carte IGN au 1/25000ème, cadastre du XIXème, carte d’état major), à la recherche de configurations topographiques en mesure de correspondre à des lieux d’implantations humaines. Cela prend en compte le relief (plateau, versant, éperon barré), l’exposition (est, ouest, …), la présence de cours d’eau… . Selon la fonction des sites (habitat, défense, production artisanale,…) et leur chronologie, les modalités d’installation changent.
Une fois que le prospecteur a identifié sur un territoire différents lieux susceptibles de posséder des sites archéologiques, il part sur le terrain pour vérifier ses hypothèses.
Des catégories de sites privilégiées
Les sites susceptibles d'être trouvés sont soit des sites encore visibles car toujours en élévation (menhir, tumulus, motte féodale), soit des sites qui ont disparu de la surface du sol et dont l’existence ne se révèle qu' à travers la présence de mobilier archéologique dans les champs après qu’ils aient été labourés. La charrue, en retournant la terre, peut atteindre des niveaux archéologiques et faire remonter des tessons de céramiques, des éclats de silex, des moellons de pierre, etc… . Si la présence d’un site est ainsi confirmée, cela indique également que ses jours sont comptés !
Les limites de la méthodes
Ce type de prospection se pratique généralement d’octobre à mars, au moment où la végétation est la moins développée et les cultures encore à l’état de semis.
La prospection pédestre trouve ses limites dans les zones boisées - car la densité des arbres neutralise la visibilité des reliefs - et dans les champs laissés en pâture - car l'absence de labours ne permet pas au mobilier archéologique de remonter en surface.
Un rendu sous la forme d'un rapport
Le prospecteur doit rendre à la suite de sa campagne de terrain un rapport qui synthétise l’ensemble des informations qu’il a réunies sous la forme de fiches de déclaration de sites, formatées pour faciliter leur intégration dans la carte archéologique nationale.