Aqueduc romain de Carhaix
1924, année de l’eau courante à Carhaix. En 200 de notre ère, les habitants de Vorgium ont 1700 ans d’avance grâce à la construction de l’aqueduc de Carhaix, long de 27 km. Bien sûr, l’eau n’arrive pas directement chez eux (pas pour tous), mais avec un débit maximum de 6 000 m3 d’eau par jour, les thermes, les puits et les fontaines de toute la cité sont approvisionnés.
Un premier essai décevant
Au moment de l’essor de la cité Osisme, vers 50-100 de notre ère, une première canalisation est mise en place. Longue de 11 km, elle captait l’eau du ruisseau de Kerhuon au Moustoir, qui a un débit particulièrement irrégulier.
Afin de parvenir sur Vorgium, ce premier ouvrage passait la vallée de Kerampest grâce à un pont-aqueduc. Les fouilles récentes sous l’ancien manoir de Kerampest ont permis de mettre au jour quatre piles, c’est-à-dire les bases de piliers. Ces découvertes importantes confirment les hypothèses sur la position du pont, permettant également de déterminer le nombre d’arches et leurs dimensions.
Mis à part cet ouvrage d’art, les canalisations de ce premier aqueduc ont un profil irrégulier variant de 0,30 m à 0,45 m. Les calages en schiste ainsi que le coffrage interne en bois ne pouvaient permettent de garder une eau saine. Le débit estimé entre 1 000 et 2 000 m3 d’eau par jour suggère une utilisation exclusivement publique. Mais pour cela, encore faut-il que ce premier aqueduc ait fonctionné.
Un second essai transformé
An 200 de notre ère, Vorgium est à son apogée. Capitale des Osismes, elle a pour ambition de montrer sa puissance et son prestige grâce à son aqueduc. Pari risqué et onéreux, mais le fait est qu’il fonctionne et la Carhaix antique sera le seul chef-lieu de cité en Armorique à posséder une telle structure.
Long de 27 km, ce second ouvrage reste régulier depuis son lieu de captage jusqu’à son arrivée à Vorgium. Son débit maximum de 6 000 m3 par jour prouve une fois de plus de la technicité des ingénieurs romains pour construire des ouvrages malgré les contraintes topographiques et financières.
Le tunnel sous la colline
Afin d’éviter un rallongement du tracé de 6 km, un tunnel est creusé à Glomel pour traverser la colline de Kervoaguel. Certes, l’entreprise est plus longue et onéreuse, mais à plusieurs reprises déjà l’aqueduc a contourné des collines.
Il aura fallu pas moins de trois ans ainsi que 45 personnes présentes tous les jours sur le chantier pour le finir. Le tunnel long de 900 m, est parsemé de 30 puits d’accès qui servaient également pour l’aération et le déblayage des gravats.
Arrivé sur Vorgium, le second aqueduc réutilise le pont de Kerampest afin de desservir toute la ville en eau salubre. Seulement un siècle plus tard, l’édifice n’est plus entretenu, le système abandonné et les canalisations servent de dépotoir. L’eau n’arrive plus à Vorgium, indiquant le déclin de la cité.
Propriété publique
Site accessible au public
Consulter : les circuits de l'aqueduc
- Site classé Monument historique depuis le 31 décembre 1862
Consulter la documentation - Y. Maligorne, La ville antique. De la ville ouverte du Haut-Empire aux remparts de l’Antiquité tardive, dans Villes de Bretagne. Patrimoine et Histoire [dir.] J.-Y. Andrieux, PUR, Rennes, 2014, pp. 10-25
- A. Provost et B. Leprêtre, Reconnaissance du tracé de l’aqueduc romain de Carhaix (Côtes-d’Armor-Finistère), dans Annales de Bretagne et des pays de l’ouest, 105, 1998, pp. 43-70
- A. Provost, L’aqueduc romain de Carhaix, dans Mémoire d’âme(s). 20 ans de recherches archéologiques en Côtes d’Armor. Château de la Roche Jagu, Mai 1999-Avril 2000, pp. 64-67
- A. Provost, B. Leprêtre et E. Philippe, L’Aqueduc de Vorgium/Carhaix (Finistère). Contribution à l’étude des aqueducs romains, 61ème suppl. Gallia, éd. CNRS, 2013