Dépôt de Kerboar
Deux prospecteurs bénévoles de la région s'entraident depuis quelques années, l’une au sol et l'autre dans les airs. C’est ainsi qu’en 2002, Maurice Gautier signale à Claudine Bernard un enclos probable dans la parcelle d’un champ de Saint-Igeaux repéré par prospectin aérienne. Sur place, Claudine Bernard découvre du mobilier archéologique et contacte le Service Régional de l’Archéologie de Bretagne.
De nombreuses trouvailles
De 2002 à 2005, le site de Kerboar a fourni un grand nombre de mobilier lors des fouilles effectuées par Yves Ménez, Muriel Fily et Maréva Gabillot. De plus, après chaque labour, Claudine Bernard, prospectait le site avec l’autorisation du propriétaire et de l’Etat et signalait toute nouvelle découverte.
Le premier dépôt est constitué de 84 fragments d’épées en bronze qui, reconstituées, correspondent notamment à sept épées entières et d’autres presque complètes. Elles étaient disposées autour d’un chaudron en tôle de bronze fortement abîmé dans sa partie supérieure. Constitué de trois tôles rivetées entre elles, il appartient au chaudron de type Atlantique que l’on connaît notamment en Angleterre et en Irlande.
Un autre dépôt voisin à quant à lui a livré des haches à talons et un marteau en bronze. A proximité, un fragment torsadé en or est découvert ainsi que des tessons de céramique, des déchets de fonderies et du mobilier lithique. Le fin dépôt de charbon de cette fosse a fourni une datation radiocarbone entre 1 400 et 1 000 ans notre ère.
Révision des savoirs
Une des particularités du site de Kerboar a été d’être étudié dans son contexte et d’avoir pu faire l’objet d’une fouille par des spécialistes.
La présence même de ce chaudron de faciès atlantique dans un dépôt datant du début du Bronze final permet de dater son apparition sur notre territoire. Avant sa découverte en 2002, il était admis que ce type de chaudron avait été élaboré à la fin du Bronze final.
L’enfouissement d’un chaudron dont la réalisation à l’époque était onéreuse en temps et en matériaux, n’est pas anodin. Cette découverte apporte des éléments quant à l’hypothèse d’un dépôt rituel, et non d’un dépôt de simple réserve de métal pour des besoins ultérieurs.
Des éléments alimentent l'hypothèse que le site de Kerboar était un lieu où des rituels précis, dont nous ne connaissons pas la nature, étaient accomplis : le nombre de dépôts dans un même champ, la disposition des objets avec les épées autour du chaudron et le chaudron lui-même, .
Le site a par la suite été réoccupé par une ferme gallo-romaine.
Propriété privée.
Site inaccessible au public.
S. Blanchet, « L’âge du Bronze : au-delà des cairns et du métal »
M. Fily, « Le Bronze final I en Bretagne : le site à dépôts de Saint-Igeaux dans les Côtes-d’Armor (Bretagne). Opérations réalisées en 2002 », dans Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze, Bulletin n°1, 2004, pp. 4-6
M. Gabillot-Pelletier, «Le site du Bronze final I de Saint-Igeaux (Côtes-d’Armor, Bretagne) ; premiers résultats », dans Association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze, Bulletin n°1, 2004, pp. 7-9