Une capitale de Cité ?
L’Age du Fer voit l’émergence des cités - vastes territoires d’une superficie voisine de celle d’un département actuel. A l’est, autour de Rennes, la cité des Riedones. Au nord, autour de Corseul, celle des Coriosolites. Au sud, celle des Vénètes, le peuple qui a donné son nom à la ville de Vannes.
L’ouest de la péninsule où se trouve Huelgoat, était occupé par les Osismes, un peuple mentionné dès le IVe siècle avant notre ère par Pythéas, un navigateur parti de Marseille .
Ces agglomérations, appelées « oppidum » d’après le texte de la Guerre des Gaules de César, étaient implantées dans les lieux stratégiques du territoire. Elles contrôlaient les voies et parfois des mines, comme celle exploitant le plomb argentifère située à proximité. Le camp d’Artus, la plus vaste enceinte jusqu’ici identifiée sur le territoire des Osismes, a pu être la capitale de ce peuple. D’après les objets jusqu’ici découverts, cette ville gauloise semble abandonnée vers la fin du Ier siècle avant notre ère, au moment où une nouvelle capitale est créée à 15 km de là : la ville romaine de Vorgium (aujourd'hui Carhaix).
Deux enceintes imbriquées
En 1938 - 1939, Sir Mortimer veut comparer des enceintes gauloises de Bretagne et de Normandie avec leurs équivalents connus de l’autre côté de La Manche, appelés Hill-forts en anglais. Il établit le plan des sites et de leurs lignes de défense. Il fouille quelques portes et parties de remparts et récupère des fragments d’objets. Cela lui permet de dater et classer les sites répertoriés, selon leur construction, leur organisation et leur surface.
Il relève que l'oppidum de Huelgoat est constitué de deux enceintes imbriquées. L’enceinte du camp d’Artus, d’une superficie de 30 hectares, a été édifiée probablement au IIe siècle avant notre ère, d’après les objets les plus anciens pour le moment découverts.
Au nord, tout en haut du site, une enceinte plus petite, d’une superficie de 4 hectares, est délimitée par un rempart plus imposant. Les lignes de défenses, longues de plus de 2 kilomètres, abritaient vraisemblablement, d’après les fouilles effectuées à Paule ou Trégueux, une agglomération constituée de constructions de bois et de terre aujourd’hui disparues : maisons, dépendances, ateliers artisanaux, puits, ainsi que quelques bâtiments plus imposants tels que des entrepôts, des temples ou les résidences des puissants.
Le murus Gallicus
En 1897, Paul du Châtellier avait fait la description de l'oppidum en l'interprétant comme un camp romain. Les fouilles de l’archéologue anglais Mortimer Wheeler en 1938 -1939 changent la donne en mettant au jour le Murus Gallicus.
En effet le rempart, constitué de la terre et de la pierraille extraites lors du creusement du fossé, était armé d’un quadrillage de poutres, dont les extrémités étaient intégrées au parement de pierre en façade.
Ce dispositif technique, qui empêchait la dislocation du rempart sous les coups de béliers, est décrit par César dans "La guerre des Gaules" comme un dispositif propre aux gaulois.
La porte nord-est
Il s'agit de l’une des entrées de l’oppidum, celle qui permettait d’accéder directement depuis le nord-est dans l’enceinte de 4 hectares qui dominait l’agglomération gauloise.
À cet endroit, le mur revient légèrement dans le camp, afin de faciliter le contrôle de l’accès. Des poteaux implantés dans des fosses de part et d’autre soutenaient une tour dominant le passage.
La méthode anglaise
Sir Mortimer Wheeler a effectué ce travail avec Katherine M. Richardson, son assistante, et Maurice Cookson, son photographe. Il a recruté comme terrassiers des ouvriers et paysans des environs, photographiés dans le livre qu’il a édité munis de leurs pelles, encadrés de fouilleurs anglais plus grands.