Domus du centre hospitalier
La restructuration du centre hospitalier de Carhaix en 1995 a permis la mise au jour d’un important bâtiment antique. La fouille s’est étendue sur 4 000 m2 permettant aux archéologues d’étudier un maximum d’éléments. Cette demeure donne l’occasion de mieux appréhender la ville de Vorgium et l’utilisation de l’imagerie 3D de proposer une restitution du bâtiment.
Artisan versus commerçant
Hormis la présence d’un souterrain de l’âge du Fer, aucune occupation n’est antérieure à la seconde moitié du Ier siècle de notre ère. Située en bordure sud-ouest de la ville antique, le site du centre hospitalier se développe le long d’un axe principal et d’un axe secondaire qui permettent de structurer l’agglomération.
Les premiers bâtiments, de tailles modestes, sont constitués de pierre et de bois, comme fréquemment à cette époque. Il faut attendre le IIème siècle pour qu’apparaissent les premiers ouvrages maçonnés. Outre les occupations domestiques de ces bâtiments, le mobilier archéologique suggère aussi la pratique d’activités artisanales. Celles-ci s’atténuent avec l’épanouissement du quartier et le développement d’installations plus commerciales.
Luxe et pouvoir à Vorgium
Au IVème siècle de notre ère, deux bâtiments sont fusionnés pour constituer une vaste demeure, dont les vestiges attestent le caractère monumental. Cette domus reflète ainsi l’influence et la notoriété du propriétaire, qui était peut-être un décurion de la cité.
Les différentes parties de la construction s’organisent autour d’un grand jardin ceinturé par un portique qui donne accès aux pièces. Au nord, un espace clôturé par un mur semble être réservé à des activités domestiques et constituer un lieu de stockage, de jardinage ou d’élevage.
Une remarquable pièce d’apparat se trouve au centre de l’aile nord. Son sol est composé d’un dallage mixte de schiste ardoisier et de calcaire. La probable présence de quatre piliers supportant des poutres massives a permis de concevoir des passages relativement larges. Elle devait avoir plusieurs fonctions, servant à l’occasion de salle de réception, de salle d’audience ou d’espace de vie familiale. Sa complexité architecturale et son ornementation traduisaient aux yeux des visiteurs le statut privilégié du maitre des lieux.
Le caractère périphérique de la domus a permis aux propriétaires d’ériger une demeure luxueuse, luxe accentué par les décors architecturaux. Sa présence à Vorgium est une indication de plus quant au statut de capitale de la cité Osisme, si tant est qu’il faille encore des preuves.
G. Le Cloirec, « Carhaix, une ville romaine », dans Carhaix : deux mille ans d’histoire au cœur de la Bretagne, [dir.] E. Chartier-Le Floch, éd. Fitamant, Telgruc-sur-mer, 2005
G. Le Cloirec [dir.], Carhaix antique. La domus du centre hospitalier. Contribution à l’histoire de Vorgium, chef-lieu de la cité des Osismes, éd. PUR, Rennes, 2008
Y. Maligorne, « Carhaix et Corseul : deux capitales éphémères ? Brèves considérations sur une hypothèse mal fondée », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 134, 2004, pp. 61-67
P. Vipard, « Maisons à péristyle et élites urbaines en Gaule sous l’Empire », dans Gallia, 64, 2007, pp. 227-277