Langoëlan, enceinte de Talhouët. Fouille du fossé de l'enceinte. Cliché B. Leroy
Périodes
Types de vestiges

Située à seulement 2 500 m de l’enceinte de Kergoac’h à Mellionnec, l’enclos fortifié de Talhouët apporte de nouveaux éléments pour la délimitation des territoires du Vannetais et du Poher. Avec celle de Vilérit à Ploërdut, ces deux enceintes contemporaines, participent en effet à la matérialisation de la frontière et de la nécessité d’y installer des structures imposantes.

Connu mais non reconnu

Les mentions du site de Talhouët apparaissent dès le XIXème siècle, notamment sur le cadastre napoléonien sous la mention « Anciens restes d’un camp romain appelés Er Hastel ». Le plan et sa datation restent incertains jusqu’en 2013, bien qu’en 1938 Sir Mortimer Wheeler le situait bien à la période médiévale. Le croquis du plan général qu’il réalisa est fidèle même s’il n’est pas détaillé.

Il faut attendre l’été 2013 et des travaux d’exploitation du bois de Coët Codu pour qu’une étude archéologique soit menée. Celle-ci rentre dans un programme de recherche plus général mené par Beanjmin Leroy sur les enceintes du haut Moyen Âge du secteur. Ces études ont pour objectif de réaliser un classement par type des enceintes permettant de les inscrire dans une période historique ou préhistorique, mais également de mieux appréhender les variations des frontières locales.

Contrairement à Brignolec qui s’est avéré être un enclos de l’âge du Fer, l’enceinte de Talhouët date bien du Moyen Âge comme le précisent les datations au radiocarbone ainsi que sa structure. Elle est équipée d’un système talus-fossé-talus qui englobe un espace de 2 330 m2 divisé en deux parties. La partie supérieure est la seule à avoir été sondée ainsi que les aménagements de l’entrée.

Le feu pour tout nettoyer

Préalablement à la construction de la première enceinte, le terrain a été préparé par les flammes. L’incendie a permis de détruire la végétation gênante et de faciliter la construction des fondations ainsi que de renforcer leur robustesse. Cette technique connue est visible au niveau de l’entrée de l’enceinte.

À la manière de Bressilien, un muret bordait le chemin d’accès d’une largeur de 5 m. Celui-ci était probablement pavé de planches de bois. Afin d’éviter d’éventuelles submersions de l’entrée, un système de caniveaux a été réalisé sous le chemin, permettant ainsi l’évacuation des eaux. Les trous de poteaux retrouvés, au nombre de neuf, suggèrent l’existence d’une tour-porche confirmant le caractère défensif de l’enceinte.

Les études stratigraphiques mettent en avant que ces vestiges sont plus tardifs que la construction de l’enceinte aux environs du VIIème siècle. Elle a en effet connu une phase de réaménagement aux alentours du Xème siècle, et la construction du porche d’entrée daterait de cette époque.

Le site de Talhouët appartenait à une élite locale dont le pouvoir fut déplacé postérieurement vers le manoir de Coët-Codu. Saint-Efflam - le hameau qui lui est rattaché - est probablement aussi celui qui était lié à l’enceinte médiévale, comme le suggère la route d’accès : Hent er Goh Castel (le chemin du vieux château).

Langoëlan, enceinte de Talhouët. Fouille du fossé de l'enceinte. Cliché B. Leroy
Langoëlan, enceinte de Talhouët. Vue de batiments en cours de fouille. Cliché B. Leroy
Plans simplifiés de différentes enceintes du Haut Moyen Âge ayant fait l'objet de sondage ou de fouille.DAO Benjamin Leroy
Langoëlan, enceinte de Talhouët. Vue de la tour-porche qui contrôle l'entrée. Cliché B. Leroy. Cliché B. Leroy

Propriété privée

  • P. Guigon, Les fortifications du haut Moyen-Âge en Bretagne, éd. Institut culturel de Bretagne, Rennes, 1997
  • M. Tuarze, Peuplement ancien et croyances dans le haut Pays de Locuon aux sources de l’Ellé et du Scorf, Mémoire de DEA, Rennes II, 1987