Habitat de Kermenguy
Comme souvent, c’est un projet immobilier qui est à l’origine de la découverte du site de Kermenguy. En 2009, un diagnostic archéologique a été effectué sous la direction d’Eddy Roy avant la ,construction d’une zone artisanale. Des occupations néolithiques ayant déjà été repérées dans ce secteur par Pierre Gouletquer en 1993, la présence de vestiges était probable.
Dessin à point
Deux campagnes de fouilles, en 2011 et 2012, ont été nécessaires afin d’étudier les vestiges découverts lors du diagnostic. Ce sont 66 traces archéologiques qui ont été identifiées, une vingtaine d’anomalies de plus ce sont avérées être des terriers, racines ou accidents du sous-sol.
La présence néolithique est identifiable par une vingtaine de trous de poteau et deux foyers. La reconnaissance de ces fondations est possible grâce aux pierres de calage présentes dans les cavités. Ces petites dalles de schiste permettent également de déterminer l’emplacement du poteau dans la fondation, et quand c’est possible d’y prélever des échantillons pour dater exactement la structure.
Deux bâtiments sont partiellement conservés. Les tessons de céramique permettent de situer un des bâtiments à l’Âge du Bronze ancien, évaluation confirmée par deux datations par le radiocarbone. Cette technique a également été utilisée pour les deux autres phases d’occupation, affinant les déductions des archéologues. Tessons de céramique, meule, polissoirs et mobilier lithique suggéraient une occupation au Néolithique, les prélèvements ont précisé une datation au Néolithique Moyen (4300-4000 avant notre ère).
Chiche ? Non : schiste !
Du bâtiment néolithique, aucun plan précis n’a pu être dégagé. Cependant, l’alignement de certains trous de poteau semble signaler la fonction de supports de parois ou faîtière.
Au nord du bâtiment néolithique, une fosse de 2,40 m de long et 1,20 m – 1,40 m de large a été fouillée et étudiée. Bordée de dalles de schiste, elle contenait trois tessons de céramique et un éclat de silex. L’un des tessons, fin et lisse, a pu être identifié comme étant un col d’une céramique à pâte rouge rappelant les vases du Campaniforme. Cette fosse a été interprétée comme funéraire. Sa datation entre la fin du Néolithique et le début de l’âge du Bronze est confirmée par le radiocarbonne.
Les structures du Néolithique moyen peuvent être mis en relation avec certains monuments funéraires contemporains, comme le cairn de Ty Floc’h à Saint-Thois localisé à quelques kilomètres à l’ouest ou celui de Croas Dom Herry à Saint-Nicolas-du-Pelem.
Propriété privée
Site inaccessible au public
X. Hénaff, Les habitats au Néolithique en Bretagne, éd. Skol-Uhel-ar-Vro, Rennes, 2002
J.-Y. Tinévez, « Châteauneuf-du-Faou, Kermenguy (Finistère), vestiges d’habitat du Néolithique moyen et de l’âge du Bronze ancien, une fosse du Campaniforme », Rapport de fouille, SRA, Rennes