Habitat de Yeun-Elez
En 1937, le barrage du Yeun Ellez et le réservoir de Saint-Michel sont construits à Brennilis. En raison de travaux sur le barrage, le niveau du lac artificiel est abaissé de 2 m en 1989. Pierre-Louis Gouletquer et son équipe en profitent pour faire une planigraphie sur le rivage nord en raison de la découverte de silex. En 2001, Grégor Marchand et son équipe y effectuent des sondages.
Un paysage marqué
La construction du barrage et de son lac a profondément marqué le paysage. Le cadastre Napoléonien ou la carte d'Etat-Major permettent de se faire une idée du paysage tel qu’il fut et de remarquer que le site de la Presqu’île est à 100 m de la rivière du Roudouhir.
Le lac actuel est profond de 8m au pied du barrage et de 3m au niveau de ce site mésolithique présumé. Le vent génère des vagues déferlantes, ce qui explique l’érosion de la rive, et par voie de conséquence de la dispersion du mobilier lithique.
Division du mobilier
Les vestiges mésolithiques ont été retrouvés en deux endroits distinctes du site de la Presqu’île. Les pièces plus longues et plus épaisses se trouvaient à l’ouest du site, tandis que les fragments et les nucleus gisaient en majorité à l’est. Les mouvements du lac, du fait de sa faible profondeur, peuvent expliquer ce tri qui s’est naturellement fait entre le mobilier le plus lourd et le plus léger.
Les bouleversements qu’a subit le site empêchent de faire des hypothèses anthropologiques ou de trouver une logique sur la répartition des objets retrouvés. Cependant, la nature des pierres et leur débitage est un indicateur d’un style et d’une méthode que nous pouvons retrouver ailleurs et qui permet de placer le site au Mésolithique final (soit à la fin du VIème millénaire av. J-C.).
Provenance et travail de la matière
Les pierres retrouvées sur le site sont en majorité du silex, puis du grès éocène, du microquartzite de la Forest-Landerneau ou de l’ultramylonite de Mikaël. Les matériaux locaux sont ceux qui sont le moins représentés sur ce site - fait rare pour cette période. Ils proviennent d’un rayon de 20 à 35km autour de Brennilis.
La technique de taille est homogène sur tout le site, ce qui indique une occupation relativement courte qui n’a pas été perturbée avant la construction du barrage. Même s’il est tentant d’inscrire ce site dans un réseau économique - l’état des connaissances ne permettant pas scientifiquement de le faire - il reste un témoignage d’une certaine vitalité économique du Mésolithique.
Pierre-Louis Gouletquer et alii, « Où sont passés les Mésolithiques côtiers bretons ? Bilan 1985-1995 des prospections de surface dans le Finistère », dans Revue archéologique de l’Ouest, tome 13, 1996
Grégor Marchand, « Les occupations mésolithiques à l’intérieur du Finistère. Bilan archéologique et méthodologique (2001-2003) », dans Revue archéologique de l’Ouest, tome 22, 2005
Grégor Marchand, « Le Mésolithique final en Bretagne : une combinaison des faits archéologiques », dans Mémoire de la Société préhistorique française, tome 36, 2005