Villa de la chapelle Saint-Gilles
Lors de travaux de terrassements effectués dans le cimetière de la chapelle Saint-Gilles à Gouarec en 2006, des vestiges architecturaux sont trouvés. L’imagerie 3D permet de mieux comprendre l’organisation de la construction dont les vestiges étaient très arasés.
Un plan A3
Des sondages sont entrepris par l’INRAP afin de déterminer la nature et l’intérêt du site. Le décapage permet de dégager entièrement le bâtiment entièrement et d’en relever le plan. D’une surface totale de 335 m2, l’édifice est de forme carrée avec une extension au sud-ouest. Le mobilier retrouvé reste anecdotique mais situe l’ensemble à l’époque gallo-romaine.
Les côtés mesurent 17,6 m soit 60 pieds romains, l’ensemble englobant neuf pièces dont la symétrie selon un axe nord-sud est évidente. Les salles placées à l’est présentent des fondations composées de pierre de schiste, tandis que sur le côté ouest, les soubassements sont en pierre de granite. Une pièce de 10 m2, située contre le milieu du côté nord, possède quant à elle des murs doublement parementés qui suggèrent une fonction particulière.
L’utilisation bien délimitée du schiste et du granite peut indiquer deux phases de constructions successives. Un approvisionnement diversifié en matériaux peut aussi expliquer les différences. Le plan et les dimensions de la construction révèlent aux archéologues un bâtiment original pour l’ouest de la Gaule. Deux hypothèses concourent pour sa fonction : relais routier ou habitat. La seconde proposition est celle qui a le plus d’arguments archéologiques et géographiques, bien que la première ne puisse pas être définitivement rejetée.
La troisième dimension
Les observations et les comparaisons avec d’autres sites de cette période permettent aux d’identifier un espace de circulation, de localiser des ouvertures et d’envisager l’emplacement d’un escalier. Ces hypothèses ont pu être vérifiées grâce à des outils d’imagerie 3D, permettant des corrections directes, des points de vue différents et une remise en contexte géographique.
Des habitats disposant d’un plan avec une circulation interne en T et une pièce semi-circulaire valorisée, se rencontrent en Autriche, Bosnie et Hongrie. La découverte d’une construction similaire en Armorique peut s’expliquer par l’installation d’un natif d’un de ces territoires à Gouarec. On peut aussi imaginer qu’un vétéran gaulois engagé dans l’armée romaine et ayant servi dans ces régions ait été inspiré par l’architecture qu’il y a rencontrée.
Situé à la frontière du territoire Osisme et Vénète, le lieu d’implantation de cette habitation n’est pas anodin. On y devine un désir de se mettre en valeur en s’installant sur une hauteur bien visible depuis les anciennes voies de communication, tout en bénéficiant d’un panorama saisissant sur le paysage alentour.
G. Le Cloirec, « Les atouts de l’imagerie 3D pour l’archéologie de terrain (réflexions à partir d’exemples fouillés récemment en Bretagne) », dans Actes du colloque Virtual Retrospect 2009, éd. Ausonius, Bordeaux, 2009, pp. 107-113
G. Le Cloirec, « L’établissement gallo-romain de la chapelle Saint-Gilles à Gouarec (Côtes-d’Armor) : un modèle d’habitat rural inédit dans l’Ouest de la Gaule », dans Revue Archéologique de l’Ouest, 28, 2011, pp. 167-181
Y. Maligorne, L’architecture romaine dans l’ouest de la Gaule, éd. PUR, Rennes, 2006