Mésolithique Kerbizien Huelgoat
Période
Mésolithique

En centre Bretagne aujourd’hui, aucune trace archéologique de la présence humaine avant -12000 n’a été découverte. Pour autant, fut-il un désert humain aux phases anciennes du Paléolithique ? La modification du climat a amené du gibier en abondance et les forêts ont remplacé peu à peu les steppes. L’absence de traces archéologiques s’explique en partie par l’acidité du sol et l’absence de silex sur ce territoire.

Des premières découvertes aux prospections systématiques

Le 4 juin 1868 le docteur Le Hir entame des recherches dans la caverne de Roc’h Toul à Guiclan (Finistère). Cette grotte, creusée dans un impressionnant massif de grès-quartzite, donne un indice sur l’occupation humaine de cette espace aux environs de 12000 avant notre ère. Le mobilier retrouvé sur place se trouve au musée des Jacobins à Morlaix et au musée de la Préhistoire finistérienne à Penmarc’h.

Dans les années 1960, François Le Provost a révélé l’ampleur des occupations du Mésolithique par ses prospections sur le plateau du Collédic à Saint-Nicolas-du-Pélem, avec notamment la découverte du site majeur de Kergoubleau.

Dans les années 1980, d’autres chercheurs font des prospections systématiques et des inventaires sur le territoire breton, citons Jean-Michel Moullec pour Berrien, Michel Le Goffic pour les Monts d’Arrée, Pierre Gouletquer pour le département du Finistère.

En 2001, des fouilles sont réalisées sur trois sites, dont celui de Kerbizien à Huelgoat livrant ainsi les premières datations par le radiocarbone pour la Préhistoire de l’intérieur de la Bretagne. Les perspectives qu’ouvrent ces découvertes ne sont pas négligeables pour la connaissance de la structuration économique des chasseurs-cueilleurs en centre Bretagne, différente de celle qu’on connait pour le littoral breton de la même époque. Pourtant les deux sont complémentaires.

L’alimentation des hommes du Mésolithique en Bretagne

Le réchauffement climatique de l’Holocène entraîne des modifications importantes de la végétation : apparition et multiplication des noisetiers et des chênes, diminution progressive des steppes mais pas de disparition complète. Chasse, cueillette et pêche sont des activités de survie pour les groupements humains du Mésolithique. Cependant il est compliqué pour l’archéologue de détecter la récolte de baies ou de fruits à cause de la fragilité des restes qui disparaissent avec le temps.

Les campements des environs de –8000 nous livrent des milliers de coques de noisettes carbonisées, attestant d’une consommation massive et posant la question du stockage de ces fruits qui semble avoir contribué à réduire significativement la mobilité de déplacement des groupes de chasseurs-cueilleur. Au Conquet et à Pleuven de tels sites ont été fouillés. Aujourd’hui à proximité du littoral,  ces habitats se situaient loin des côtes au Mésolithique ou le niveau marin était inférieur de 30 m à l’actuel.

Stables sur le littoral du fait de l’abondance des coquillages et des poissons, les hommes sont en revanche plus nomades à l’intérieur des terres et les campements se doivent d’être en matériaux légers pour reprendre le chemin quand les vivres manquent.

Les outils, taillés avec des roches variées

La Bretagne connaît des styles d’outillages qui lui sont propres. Pour la confection des pointes de flèches elle a le groupe de Bertheaume (-8000) et le Téviecien (-6000). Ce dernier style est le plus fréquent en centre Bretagne et se reconnaît par l’usage de trapèzes, de lames régulières ou encore d’éclats à encoches multiples.

Les campements se trouvent à proximité des cours d’eau - principaux ou secondaires - mais on note aussi l’existence de « sites-carrières » qui signale des habitats à proximité immédiate d’un affleurement rocheux exploité pour fabriquer des outils. Le site de la Presqu’île à Brennilis est un exemple assez remarquable de par la quantité des outils trouvés et la grande diversité des roches qui se trouvent dans un rayon de 30 à 40 km autour du site.

L’importation de roches de qualité médiocre amène à se questionner sur la finalité de leur usage. Elle donne aussi un indice indirect de l’échelle des déplacements, de la mobilité et des échanges entre les groupes de chasseurs-cueilleurs. Le contrôle par des groupes rivaux des territoires littoraux, riches en galets de silex et l’impossibilité d’importer la matière brute depuis la Basse-Normandie ou la vallée de la Loire expliquerait ce choix de roches en centre Bretagne.

Bibliographie sommaire

  • J. Briard, Préhistoire de la Bretagne. 1 : paléolithique, néolithique, éd. CRDP, Rennes, 1983
  • N. Cauwe, L’héritage des chasseurs-cueilleurs dans le nord-ouest de l’Europe : 10 000 - 3 000 avant notre ère, éd. Errance, Paris, 2001
  • E. Ghesquière, G. Marchand, Le mésolithique en France : archéologie des derniers chasseurs-cueilleurs, éd. La Découverte, Paris, 2010
  • P. Gouletquer, Y. Pailler et E. Yven, Le mésolithique dans le Finistère : aspects géographiques de la question, dans Haute-Normandie Archéologique, t.14, 2009, pp. 73-82
  • D. Vialou [dir.], La préhistoire : histoire et dictionnaire, éd. R. Lafont, Paris, 2004

 

Voir aussi : la Bretagne de -125 000 à 2 047

Mésolithique Kerbizien Huelgoat
Vue sud-ouest de l'abri-sous-roche après rebouchage 2011 (photo : © Gregor Marchand, 2011)
Vue sud-ouest de l'abri-sous-roche après rebouchage 2011 (photo : © Gregor Marchand, 2011)
Huelgoat
Finistère
En 1983, le collège de Huelgoat organise une exposition sur l’archéologie locale. À cette occasion, M. et Mme Mazurier signalent l’abri-sous-roche de Kerbizien situé sur leur propriété dans la forêt de Huelgoat. La découverte du site s’est faite à la pointe du bulldozer de M.
Vue de l'abri-sous-roche, Pont-Glas (photo: © G. Marchand, 2007-2008 ?)
Plounéour-Ménez
Finistère
Les chasseurs-cueilleurs sont des nomades. Pourtant, jusque dans les années 2000 il était difficile de comprendre leur déplacement faute de données archéologiques sur leur camp de bivouac. Site connu depuis 1987 et sondé par M.
Keristen 2 Carnoët © E. Yven 1999Estelle Yven1999
Carnoët
Côtes-d'Armor
Le site de Keristen 2 et ses confrères des alentours (Keristen 1 et 3, Kerrunet 1,2 et 3) sont des gisements de surface découverts en 1999 par Estelle Yven suite à une prospection au sol.
Vue de la Presquîle de Brennilis
Brennilis
Finistère
En raison de travaux sur le barrage,