Prospection aérienne
La prospection :
La prospection est une activité à part entière de l’archéologie et constitue de très loin la première origine de découverte de sites archéologiques. Ainsi, en Bretagne, près de 10 000 sites, soit un peu moins de la moitié du corpus recensé à la carte archéologique, ont été découverts dans le cadre d’une prospection. Cette activité moins connue du grand public que la fouille archéologique est, comme cette dernière, soumise à autorisation de l’Etat. Il est ainsi interdit de chercher des sites archéologiques intentionnellement sans en avoir fait la demande et obtenu une autorisation auprès de la Direction Régionale des Affaires Cultures (DRAC), Service Régional de l’Archéologie (SRA). Il arrive régulièrement que de nouveaux sites soient découverts par hasard par des promeneurs ou des agriculteurs au gré de promenades ou de travaux agricoles, il s’agit alors de découvertes fortuites.
La prospection archéologique peut s’effectuer de différentes manières, en mettant en œuvre des moyens et des méthodes variés.
La prospection aérienne :
Définition :
La prospection aérienne consiste à repérer par l’observation à basse et moyenne altitude des traces dans les zones dégagées du paysage pouvant être l’expression de la présence d’un site archéologique. L’utilisation de l’avion permet d’avoir une vue d’ensemble des sites et surtout de couvrir des espaces importants.
Principe :
L’activité humaine laisse dans le sous sol, plus ou moins profondément, des traces qui restent invisibles la plus part du temps mais qui peuvent se révéler à certaines périodes de l’année et dans certaines conditions.
Ces traces correspondent le plus souvent à des vestiges archéologiques enfouis comme des fossés ou des murs mais il peut également s’agir de vestiges archéologiques très fortement arasés, comme un tumulus par exemple, et qui génèrent un léger bombement imperceptible sur le plancher des vaches.
Les indices révélateurs :
Selon leur nature et le moment de l’année, la manière dont ces vestiges apparaissent peut varier.
Les plantes : les traces révélées par les végétaux sont appelées indices phytographiques.
La croissance des plantes est l’expression directe des perturbations présentes dans le sous-sol.
Un fossé creusé à l’époque gauloise par exemple va retenir, dans son comblement, plus facilement l’humidité, que la terre qui se situe de part et d’autre de son tracé. A son aplomb, les plantes vont pousser plus haut et plus vigoureusement que celles situées à des endroits ou l’épaisseur de terre végétale est moindre.
A l’inverse, à l’endroit ou se trouvent enfouis des vestiges de maçonneries ou de fondations arasées, les végétaux situés à l’aplomb vont avoir une croissance plus faible, car l’épaisseur de terre végétale et l’humidité sont inférieures à celles rencontrées de part et d’autre du mur.
Dans les prairies, l’emplacement des murs apparaît en négatif dans l’herbe qui se dessèche à leur emplacement.
Ce sont les périodes de sécheresse qui en, provoquant un stress hydrique aux végétaux, vont amplifier la croissance différentielle de ceux-ci et permettre leur lecture depuis l’avion.
Les espèces végétales, selon la profondeur de leur enracinement, leur période d’ensemencement, leur date de maturité vont révéler les vestiges à des moments de l’année différents. Ainsi pour le centre Bretagne, les céréales, comme l’orge ou le blé, « parlent » début juillet, alors que pour les prairies il faut attendre la mi-juillet pour repérer les anomalies caractéristiques. Quant aux maïs, qui ont pris une place importante dans les systèmes de cultures, ils livrent des différences de teintes ou des microreliefs surtout à la fin août.
L’humidité : les traces révélées par l’humidité sont appelées indices hydrographiques
A l’automne, ou au printemps, lors de pluies importantes après des semailles, alors que les terres cultivées sont encore nues, le sol absorbe l’eau de manière différentielle. L’humidité est plus persistante aux endroits ou se trouvent des fossés et inversement disparait plus facilement à l’emplacement des murs.
Pour voir ces indices hydrographiques, il faut réaliser les observations tôt le matin, avant que le soleil en réchauffant les sols n’efface ces traces très fugaces. La recherche de ce type d’indices est très peu utilisée en Bretagne mais elle offre des potentialités, notamment pour le département du Finistère, actuel parent pauvre de l’archéologie aérienne bretonne.
Les microreliefs : ces microreliefs sont appelés des indices topographiques.
Ils correspondent à des vestiges, jadis en élévation, que les labours n’ont pas encore complètement nivelé. Pour les détecter, on vole plutôt le soir en utilisant la lumière rasante du soleil qui va éclairer ou ombrager ces indices topographiques en fonction de leur exposition.Les critères d’apparition de ces différents indices imposent de la part du prospecteur aérien une bonne connaissance du territoire qu’il étudie afin d’optimiser ses plans de vol selon les pratiques agricoles de tel ou tel secteur. De bonnes conditions météorologiques sont également nécessaires pour obtenir les clichés les plus significatifs possibles. Bien souvent, les conditions optimales de prospection correspondent à 2 ou 3 semaines par an.
L’analyse des données : Les indices photographiés durant les campagnes de prospection nécessitent une analyse critique une fois revenu sur la terre ferme. Avant d’être validés comme sites archéologiques et être déclarés à la carte archéologique, il faut évacuer un certain nombre de leurres comme les fossés de parcellaires modernes présents sur le cadastre du XIXème siècle et disparus à la suite des travaux connexes de remembrement.
Un contrôle sur le terrain, dans le cadre d’une prospection pédestre, est intéressant. Cependant, la présence de mobilier archéologique ne permet pas toujours de dater ces très nombreuses clôtures arasées, vues d’avion, que l’on désigne par le terme générique d’enclos. Les artefacts recueillis témoignent seulement de l’occupation du site à un moment donné.
La seule détection aérienne à basse altitude, pratiquée depuis une trentaine d’années en Bretagne, a tout de même permis d’enrichir la carte archéologique de plus de 6 000 sites archéologiques. Avec le développement de l’archéologie préventive, un bon nombre d’entre eux a fait l’objet d’une fouille archéologique qui a permis de les dater précisément.
Un travail sur la typo-chronologie de ces enclos est actuellement en cours à la demande du Service régional de l’archéologie. Le principe est de faire une typologie de tous ces enclos et ensuite de comparer chaque type défini avec des plans de sites fouillés afin de leur attribuer une chronologie. Ce travail permettra à la fois d’analyser cette considérable masse de données accumulée depuis un quart de siècle et du même coup d’enrichir la carte archéologique.
D'excellents photographes
Les prospecteurs aériens sont aussi d'excellents photographes. Ainsi, au cours de leurs vols entre la déouverte de deux indices phytographiques, ils s'attardent parfois au-dessu de sites déjà connus, prinicpalement en élévation, pour nous en offir des vues du ciel inédites et spectaculaires.