Moyen Âge
Le territoire étudié souffre de lacunes documentaires écrites importantes : les documents utilisés par les médiévistes sont souvent constitués des archives des monastères. Or ces derniers se trouvent aux lisières, voire à l’extérieur, de l’étude menée. Mais une source précieuse nous éclaire cependant sur les hommes et les pouvoirs de ces secteurs : le cartulaire de Sainte-Croix de Quimperlé, rédigé au XIIème siècle.
Noblesse et chevalerie
Au sommet de la pyramide nobiliaire, au sein des amis du monastère, Alfred, membre de la lignée comtale, donateur en Guiscriff, mais dont nous ne pouvons préciser le lieu de résidence. Mais aussi Tanguy qui se disait « vicomte de Poher » et qui fonda un prieuré au pied de son château, identifié comme étant l’impressionnant site de la Roche, en Cléden-Poher.
Egalement, le lignage dont était issue Guielderch, l’épouse du vicomte Riwallon. Son père Haelgomarch était l’administrateur de plusieurs domaines de l’abbaye. Mais il n’était pas qu’un simple intendant, il apparaît comme un homme bien plus puissant car l’occupant probable de la Roche-el-Gomarc’h en Saint-Thois.
Détenteurs pour certains de forteresses, tous ces hommes sont qualifiés du terme de milites, soit de chevaliers, prompts à s’attaquer dans certains cas aux biens de l’abbaye pour continuer d’affirmer leur puissance économique et politique.
Pourtant une famille semble n’avoir jamais trahi les moines de Quimperlé, celle de Duenerth, dont l’un des frères possédait une domus à Coray, un terme rare dans le cartulaire, qui suggère une installation d’importance, comme une enceinte, par exemple.
Le réseau castral
En centre Bretagne, sept châteaux ont généré une agglomération : Carhaix et Châteauneuf-du-Faou aux mains des ducs de Bretagne, Corlay et Guémené-sur-Scorff dans celles des Rohan, Rostrenen, Callac et Le Faouët dans celles d’aristocrates qui ont pris le nom de leur principal château. De par son passé et sa position stratégique, Carhaix est au centre du pouvoir ducal qui contrôle étroitement les territoires voisins, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres.
Certaines de ces forteresses ne sont aujourd’hui plus visibles, comme à Callac et Rostrenen, dont les premières mentions écrites datent du XIIIème siècle. Le château de Corlay a été partiellement préservé de la ruine grâce à sa conversion en gendarmerie au XIXème siècle. Il est un des chefs-lieux de la vicomté des Rohan, au même titre que celui de Guémené-sur-Scorff qui fut exploité comme carrière de pierres jusqu’en 1920 et dont il ne reste que des sections de murailles.
Bon nombre de forteresses n’ont pas suscité l’apparition d’une agglomération et nous les retrouvons dans la toponymie des lieux-dits : roc’h ou roches. Leur abandon ou destruction peut être lié à des alliances malheureuses ou des conflits ; des châteaux secondaires ont été abandonnés faute d’entretien ou de moyens. La guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) a fait également beaucoup de dégâts sur les forteresses. Certaines n’ont pu être réparées ou ont été délaissées par des lignages qui n’y résidaient plus.
Mottes et enceintes
Une cinquantaine de mottes médiévales ont été recensées en Centre Ouest Bretagne; 26 sont conservées. Elles sont situées sur des promontoires, proches d’un cours d’eau qui alimentait leurs douves ou encore érigées sur des points éminents. Elles sont parfois associées à un enclos annexe, une basse-cour qui abritait un logis noble, une chapelle, des greniers ou des écuries. Les tertres ont une hauteur moyenne de 5 à 6 m et un diamètre de 34 à 40 m, exceptionnellement plus.
Des dizaines d’enceintes ont été recensées, caractérisées par un talus de terre, parfois parementé de moellons, et précédé d’un fossé ; leur diamètre varie de 30 à 100 m. Leur datation reste malaisée : certaines datant de l’âge du Fer ou du haut Moyen-Âge. En revanche, les ouvrages de 30m de diamètre, sont vraisemblablement des enceintes castrales, ancêtres des manoirs modernes, souvent associés à un moulin portant le même nom.
On recense par ailleurs une vingtaine de maisons fortes appartenant à la petite aristocratie. Elles peuvent prendre la forme de bâtiments en pierres implantés sur des reliefs ou au sommet de versant, avec parfois des éléments défensifs comme des tours ou des fossés. Les villages désertés, notamment dans le Morbihan ou les Monts d’Arrée témoignent d’une volonté de mise culture aux XIème et XIIIème siècles, avant des épidémies qui conduisent à leur abandon, vers le XIVème siècle.
Bibliographie sommaire
- J. Burnouf, I. Catteddu, Archéologie du Moyen-Âge, éd. Ouest France-Inrap, Rennes, 2015
- A. Chauou, L’idéologie Plantragenêt : royauté arthurienne et monarchie politique dans l’espace Plantagenêt, XIIe-XIIIe siècles, PUR, Rennes, 2001
- A.-M. Flambart Héricher [dir.], Archéologie médiévale : 2015, éd. CNRS, Paris, 2016
- P. Kernévez, Fortifications médiévales du Finistère : mottes, enceintes et châteaux, éd. Institut culturel de Bretagne-Skol-Uhel ar vro, Rennes, 1997
- H. Sée, Etude sur les classes rurales en Bretagne au Moyen-Âge, éd. Armeline, Crozon, 1995
Voir aussi : la Bretagne de -125 000 à 2 047